Les deux podcasts sur la question énergétique sont à découvrir en fin d’article.
Vous le savez, les prix de l’énergie flambent depuis 2022. La Russie étant un fort pourvoyeur de gaz, la situation géopolitique est venue amplifier une situation déjà tendue.
Si les particuliers sont protégés grâce au bouclier énergétique mis en place par le gouvernement, les entreprises ne bénéficient pas de cette protection.
Comment font-elles pour affronter ce problème majeur ? Quelles solutions ont-elles mises en place pour traverser cette crise sans précédent ? Pour répondre à ces questions, nous avons décidé d’aller à la rencontre d’acteurs agricoles et industriels pour vous permettre de saisir la situation à laquelle ils sont confrontés.
C’est ainsi que nous sommes allés voir Christophe Rousse, producteur de tomates et Président de la coopérative Solarenn, et Isabelle Dal, Directrice des achats et des approvisionnements de Locmaria Biscuits.
Les entreprises sont confrontées à un marché libre où les prix peuvent aller du simple au double, et même être multiplié par dix. Dès lors, les entreprises alimentaires, qui consomment parfois beaucoup de gaz et d’électricité, doivent réagir pour ne pas mettre en péril leur avenir et celui de leurs employés.
Pour autant, les entreprises avaient déjà affiché leur volonté de freiner leur consommation d’énergie. La crise a accéléré le processus. Chez Locmaria Biscuits, cela passe par une “chasse à l’énergie dépensée pour rien”, comme peut le faire un particulier. “La première économie, c’est l’agent qu’on ne dépense pas” aime à rappeler Isabelle Dal. “La sobriété énergétique est un sujet qui nous concerne tous, particuliers comme professionnels”.
Au-delà de ces actions de réduction de la consommation, Locmaria Biscuits installe depuis plusieurs années des panneaux photovoltaïques pour produire sa propre électricité et diminuer la dépendance au réseau. À titre d’exemple, les panneaux déployés au siège de l’entreprise à Lanvallay (22) permettent de produire 80% du volume consommé sur place.
Si le risque de black-out est désormais derrière-nous, il reviendra probablement l’hiver prochain. Ce risque concerne le territoire français dans son ensemble : ainsi, s’il fait très froid en Alsace, par solidarité nationale, la Bretagne peut-être concernée par des mesures de délestage. Cela signifie, des coupures avec une désorganisation du système global de production.
Cette situation de délestage peut également arriver chez des fournisseurs et affecter les approvisionnements d’une entreprise. Malheureusement, à part mettre en place des mesures de communication en interne, avec les fournisseurs et les clients, les entreprises restent démunies face à cette épée de Damoclès.
Pour les serres de tomates, c’est simple, si vous coupez le gaz, la culture gèle et une année de production est perdue.
La situation énergétique sur les serres de tomates est également compliquée. Il faut avoir à l’esprit que 80 % des serres du pays sont chauffées à partir du gaz naturel.
En France, et en Bretagne, deux situations coexistent :
Une minorité de maraîchers en Bretagne, les plus petites exploitations, sont chauffées tout simplement, avec une chaudière, comme ce qui peut exister dans une maison. Dans ce cas, et vu la flambée des prix, les producteurs confrontés à cette situation ont décidé de ne pas mettre en culture cette hiver les jeunes plants. Ils planteront au mois de mars pour avoir des tomates sans l’aide du chauffage. Une situation compliquée pour eux car il faut rembourser les serres et employer la main d’oeuvre saisonnière.
La majorité des producteurs en Bretagne, 80%, se chauffent grâce à la cogénération. Grâce à un groupe électrogène, de la chaleur est produite, non pas grâce au fioul, mais au gaz naturel. Derrière ce groupe électrogène, qui fonctionne grâce à un moteur à piston similaire à ce qui peut se faire dans une voiture, un alternateur est utilisée et permet de récupérer une électricité qui est revendue à EDF.
Ce sytème, sous contrat avec EDF, permet de décentraliser la production énergétique sur le territoire. De plus, cette solution permet aux producteurs de récupérer la chaleur produite par le groupe électrogène et de chauffer les serres.
C’est du gagnant-gagnant puisque les 400 hectares de serres implantées sur le territoire bretons, grâce à la cogénération, permettent d‘avoir la puissance d’un demi-réacteur nucléaire.
Les serres de tomates permettent donc, pour la majorité d’entre-elles, de créer de l’électricité, indispensable au territoire breton puisque le territoire est très dépendant des importations et frôle le black-out tous les ans.
Pour en savoir davantage, nous vous invitons à écouter les deux podcast consacrés à la question énergétique juste en dessous 👇.
Christophe Rousse est producteur de tomates près de Rennes et Président de Solarenn. Isabelle Dal est Directrice des achats et des approvisionnements de Locmaria Biscuits.
Ils nous expliquent dans ces deux épisodes comment ils font face à la crise énergétique que nous traversons depuis l’année dernière.
Le podcast Agri & Société a été lancé à l’initiative de la commission Agriculture & Société co-animée par Produit en Bretagne et Agriculteurs de Bretagne.
Identité sonore du podcast réalisée par l’agence Le Reuz à Nantes.