Produit en Bretagne et Agriculteurs de Bretagne ont créé ensemble il y a quelques mois une commission commune « Agriculture et Société » avec un objectif clair : recréer les conditions du dialogue et renouer le fil de la confiance avec les citoyens et consommateurs. Avant d’imaginer des actions bien ciblées, ils ont souhaité avoir une représentation objectivée de la vision que les Bretonnes et les Bretons ont de leur agriculture, de leurs agriculteurs mais aussi de leur agroalimentaire et de leur alimentation. Les résultats de cette grande étude menée de décembre à avril ont été dévoilés à Pontivy, le mardi 17 mai.
Réalisée en deux temps, des auditions d’une dizaine de groupes réunissant près de 140 personnes de décembre à mars (écoliers, lycéens, étudiants, conseil de développement, instances citoyennes…) suivies d’une étude poussée fin mars auprès d’un panel de 600 personnes sondées sur les 5 départements de la Bretagne historique, cette enquête aura permis de démonter quelques idées reçues, de conforter certains ressentis, d’esquisser des leviers possibles d’actions et des pistes d’amélioration.
L’étude délivre des leçons extrêmement importantes, parfois confortantes ou réconfortantes, quelquefois inquiétantes, mais montre aussi des leviers pour agir concrètement afin de renouer le fil de la confiance entre les mondes agri-agro et les citoyens-consommateurs.
Les 600 personnes interrogées ont une image positive et qualitative de l’agriculture bretonne lorsqu’on leur demande ce que l’agriculture bretonne leur évoque spontanément : “qualité” « local » et « bio » arrivent en tête. Les principaux attributs qui résument spontanément l’agriculture bretonne sont globalement positifs !
Quant à l’image du métier d’agriculteur, elle est perçue comme noble mais compatissante. La question de la rémunération des agriculteurs et de leurs conditions de travail difficiles revient comme un fil rouge permanent dans les réponses, et c’est encore plus marqué chez les jeunes puisqu’ils sont 58,3% à placer « les difficultés des agriculteurs pour vivre » en tête et « le constat qu’ils travaillent dur et ont peu de temps libre » en 3e position, tout en reconnaissant que ce sont des « passionnés » en 2e position.
Le résultat est sans appel : à plus de 70%, cette agriculture « idéale » doit « bien traiter les animaux », « respecter l’environnement » mais aussi « rémunérer correctement les agriculteurs ». Le « Sans pesticide » arrive en 4e position. Cette agriculture, et ceux qui l’influencent (agriculteurs, transformateurs, distributeurs, consommateurs, …) doivent donc poursuivre la voie de la vertu et le respect des « parties prenantes » : les animaux, les hommes (agriculteurs, consommateurs, …) et l’environnement !
Si le rôle des médias est notamment de collecter, traiter et diffuser de l’information, 55% des citoyens bretons interrogés se disent en manque d’informations sur les sujets et enjeux de l’agriculture. Et parmi ceux qui pensent que les enjeux sont assez fréquemment abordés, 42 % trouvent que le niveau d’information est superficiel !
Tous les faisceaux convergent vers un équilibre entre besoin de réassurance sur la santé (sécurité alimentaire, qualités nutritionnelles, peur des pesticides, …) et hédonisme (plaisir, partage, convivialité, fait maison, …). Dans cette optique, la qualité perçue de l’agriculture bretonne et l’image globalement positive de l’agroalimentaire breton, mettent les bonnes cartes entre les mains des acteurs !
Quand on demande aux personnes sondées quelles sont les 3 principales notions auxquelles elles associent l’alimentation, la santé arrive largement en tête (58,7%) devant le goût et le plaisir (plus de 50%) aussi. Et même si le budget n’arrive qu’en 7e position (24,2%) à cette question, lorsqu’on leur demande ensuite quel est le critère de choix quand elles font les courses, le prix est clairement le facteur déterminant pour 55% d’entre elles et ça monte à 69% chez les jeunes.
85 % des citoyens bretons interrogés lors de cette enquête ont une image « plutôt positive » (63,9%) voire « positive » (22,5%) de l’agroalimentaire breton et on passe même à près de 95% des jeunes questionnés. Ce qui est une excellente nouvelle car la « qualité » et « la confiance » sont mises en avant. Des signaux faibles auprès de ceux qui en ont plutôt une image négative qu’il faudra prendre en compte : l’image de métiers « pas très respectueux de l’environnement », de « production de masse » et de « produits trop transformés » sont mis en avant.
Les commerces dont la proximité humaine et relationnelle est la plus forte et le circuit le plus court bénéficient de l’image la plus positive (direct producteurs, halles et marchés, …). A l’inverse, les commerces à taille « déshumanisée » (hypermarchés) ou les magasins spécialisés, ont une image bien plus contrastée.
Les sondés sont unanimes : quand on leur demande ce que serait la Bretagne sans son agriculture et son agroalimentaire, ce serait « un désastre économique », la région serait « moins attractive » et nous perdrions « le savoir-faire gastronomique » breton. Ces risques sont perçus comme supérieurs aux répercussions positives sur l’environnement.
Les moins de 25 ans sont plus critiques vis-à-vis des médias : +65% ne trouvent pas que les sujets agricoles sont suffisamment abordés. Ils sont également plus ouverts vers l’extérieur : 19% pensent que nos agriculteurs devraient produire pour le monde. Le sujet environnement est également plus présent chez eux, mais aussi et SURTOUT le sujet de la santé est LE sujet prioritaire pour eux !
Forte de ces enseignements mais aussi des deux tables rondes qui se sont tenues lors du colloque du 17 mai à Pontivy (pendant lequel l’enquête a été dévoilée) autour des attentes de la jeunesse d’une part et du rôle que chacun (transformation, distribution, agriculture, médias) peut jouer pour informer, expliquer, ouvrir ses portes afin de renforcer la confiance entre les uns et les autres d’autre part, la commission « Agriculture et Société » va se retrouver pour ébaucher des pistes de travail et les passerelles à établir pour avancer sur ces enjeux cruciaux pour la Bretagne.
2 temps distincts dans notre enquête avec :
– Une partie QUALITATIVE menée de décembre 2021 à mars 2022.
Cette partie n’a pas vocation à cerner la vérité, mais à déterminer sur quoi doivent porter les questions du quantitatif, c’est donc en dernier ressort une étape intermédiaire.
– Une partie QUANTITATIVE réalisée fin mars 2022 auprès d’un panel de 600 personnes sondées sur les 5 départements de la Bretagne historique par l’agence brestoise AOC.